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Nelson Mandela

Premier Prix Ludovic-Trarieux 1985



 

Nelson Mandela

Fils d'un chef Thembu, Madima Rolihlahla Nelson Mandela naît le 18 juillet 1918 dans la hutte ronde du kraal familial de Qunu, près d' Umtata. Il est le premier fils du chef Henry Magdla Mandela et de Nonqaphi Nosekeni, l'une de ses quatre femmes.

Rolihlahla a douze ans quand son père meurt. Son parent, le chef suzerain du clan Thembu, devient alors le tuteur et c’est là qu’il aurait pour la premiére fois conçu le projet de devenir avocat.

Il est soumis à l'épreuve des rites d'initiation à l'âge de seize ans et fréquente un collège méthodiste avant d'entrer, en 1938, à l'université de Fort Hare, le bastion de l'élite bantoue sud-africaine. En septembre 1941, une grève est déclenchée afin de protester contre le traitement brutal infligé par un intendant blanc à une employée noire. Les grévistes sont renvoyés chez eux. A la différence des autres, Nelson Mandela refuse de présenter des excuses, et il ne réintégrera jamais Fort Hare.

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Il part alors pour Johannesburg, à l'université de Witwatersrand, où il obtient un diplôme en droit en 1942. Walter Sisulu devient son "  mentor ". Il va même l'embaucher dans sa petite agence immobilière et l'inscrit à des cours de droit par correspondance avant de le placer dans un cabinet d’avocats blancs.

En 1944, Nelson rejoint les rangs de la Ligue de la Jeunesse du Congrès National Africain (ANC Youth League). En 1949, un an après l'accession au pouvoir du Parti National qui dotera l'apartheid de son armature législative et ségrégative, la Ligue de la jeunesse prend les rênes de l'A. N. C.

Membre du Comité de direction de l'ANCYL depuis 1948), il en devient le président (1950); puis président de l'ANC pour la région du Transvaal (1952) et "deputy national president" (1952).

En 1952, avec Olivier Tembo, l'ami de toute une vie, il a créé le premier cabinet d’avocats noirs d'Afrique du Sud et avec l’ANC tous deux s'emploient à organiser la résistance à la politique raciste du gouvernement.

En 1956, Mandela est arrêté et jugé pour " trahison ", mais il sera acquitté en 1961.

Entre temps, sera survenu le moment charnière de l'histoire du pays : le " massacre de Sharpeville " . Le 21 mars 1960, la police sud-africaine a ouvert le feu sur une foule de manifestants pacifiques tuant 69 personnes et en blessant plus de 180 autres. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence et l'A. N. C., désormais interdite est condamnée à la clandestinité.

Dès lors Mandela abandonne la stratégie non-violente de l’ANC et fonde une organisation militaire, Umkhonto we Sizwe. En janvier 1962, il quitte clandestinement le pays pour six mois: un voyage qui le conduit dans plusieurs pays d'Afrique et à Londres. En Algérie, le F. L. N. l'assure de son soutient. Peu de temps après son retour, Nelson Mandela est arrêté le 5 août 1962, au nord de Durban. Inculpé d'être sorti du pays illégalement et d'incitation à la grève, il comparaît devant ses juges en tenue traditionnelle xhosa. Il assure lui-même sa défense et fait le procès de la "justice blanche" . Condamné à cinq ans de prison, il est envoyé dans un pénitencier de haute sécurité sur l'île de de Robben Island, à 7 km au large du Cap.

Tandis qu’il purge sa peine en prison, lors d'une des vagues d'attentats perpétrés par Umkhonto we Sizwe, huit compagnons de Mandela sont arrêtés. Les autorités décident de poursuivre aussi Nelson Mandela pour ces crimes. Ses avocats veulent plaider que celui-ci était en prison lors des attentats, mais il refuse: il se pose en accusé numéro un. Pis, il veut profiter de ce procès pour faire la publicité de son mouvement. Il prononce à cette occasion ce qui restera parmi les plus belles paroles qu’un avocat ait prononcé devant une Cour en faveur de la liberté de l’homme. En vain. Le 16 juin 1964, le verdict tombe: Mandela et ses compagnons sont condamnés à la prision à perpétuité..

Nelson Mandela a quarante-six ans, il est déjà en prison depuis deux ans et il devra attendre plus d'un quart de siècle pour connaître à nouveau la liberté. Pourtant jamais il n’acceptera de renoncer à ses valeurs ou de transiger avec ses principes politiques et il sera toujours exemple de courage pour les autres détenus..

Dans les années soixante dix, ses geoliers lui proposent une remise de peine s’il accepte en échange de reconnaître la légitimité de la politique des " bantoustans " (ces territoires prétendument " libres " où ils entendent parquer les Noirs) du gouvernement et notamment le bantoustan du Transkei, sur le territoire duquel il est né et qui lui est assigné pour résidence.

En Avril 1984, il a été transféré à la Prison de Pollsmoor au Cap. Dans les années quatre-vingt, le gouvernement de P. W Botha propose de le libérer s’il renonce à la violence, mais, là encore, Mandela refuse un tel marché : il exige d’abord d’être "un homme libre car seul un homme libre peut négocier".

C’est le 29 mars 1985 que l’IDHBB lui a décerné le Premier Prix International des Droits de l’Homme Ludovic-Trarieux ", créé l’année précédente. Certes, Mandela était déjà docteur honoris causa d’une bonne quinzaine d’université dans le monde mais c’était à l’époque un des cinq premiers Prix des droits de l’homme qui lui ont été décernés de par le monde (après le "Jawaharlal Nehru Award for International Understanding", à New Delhi, en 1980, le "Dr Bruno Kreisky Prize for merit in the field of human rights", à Vienne en 1981, le premier "Simon Bolivar International Prize" par l’UNESCO à Caracas, en 1983 et le "Playa Giron Award", (décerné par Fidel Castro à Cuba, en 1984). Mais il s’agissait là du premier Prix jamais décerné par des avocats . Et, le premier par la France.

Le Prix fut officiellement remis, le 27 avril 1985, à sa fille, Zenani Mandela Dlamini, venue spécialement du Swaziland pour l'accepter et le recevoir au nom de son père.

En 1986, un premier entretien avec le ministre de la Justice marque le début d'une longue négociation avec des membres le gouvernement sud-africain. Car, au fil des années Nelson Mandela était devenu le prisonnier le plus célèbre du monde et le plus encombrant pour le régime de l’apartheid.

En 1990, le président F.W. de Klerk, avocat comme lui, supprime l’interdiction de l’ANC et fait libèrer Mandela, le dimanche 11 février 1990, après 26 ans de détention pour raisons politiques (un record). Ses convictions sont demeurées intactes, son programme n'a pas changé : il veut une Afrique du Sud unie débarrassée des bantoustans, un parlement non radical et le droit de vote pour tous. Mandela et Frederik de Klerk peuvent désormais entamer les négociations qui vont enfin démanteler l’apartheid.

Deux heures après sa sortie de la prison Victor Verster près de Paarl, (où il a été transféré en décembre 1988), Nelson Mandela prononce un discours devant la foule venue l'accueillir au centre de la ville du Cap .

En août 1990, Mandela annonce la suspension de la lutte armée alors que les conditions posées par l'A. N. C. dans la Déclaration de Harare (1989) ne sont pas respectées.

En 1991, il est élu président de l’ANC.

En 1993, il se voit décerner , conjointement avec Frederik de Klerk, le prix Nobel de la paix.

En mai 1994, à l'occasion des premières élections libres de l'histoire de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela est élu président de " la nation de l’arc en ciel ", et devint ainsi le premier président noir de l’histoire d’Afrique du Sud en même temps que le premier président élu au suffrage universel, siège qu'il occupera de 1994 à 1999.

Il s’est retiré de la vie politique le 16 mai 1999.