Prix
International des Droits de l'Homme Ludovic-Trarieux 2019 Ludovic-Trarieux International-Human Rights Prize
2019 Premio Internacional de Derechos Humanos Ludovic
Trarieux 2019 Premio Internazionale
per i Diritti Umani Ludovic Trarieux 2019 Internationalen Ludovic-Trarieux-Menschenrechtspreis 2019 Prêmio Internacional de Direitos Humanos Ludovic
Trarieux 2019 Ludovic Trarieux Internationale Mensenrechtenprijs 2019 Depuis/Since/Desde/Dal/Sinds 1984 “L’hommage des avocats à un avocat ” “The
tribute by lawyers to a lawyer” “El homenaje de abogados
a un abogado ” “L'omaggio degli avvocati ad un avvocato” “Die Hommage von
Anwälten zu einem Anwalt” « De award gegeven door advocaten aan een advocaat
» "L’Hommage
international des avocats à un avocat" Le
XXIVème Prix International des Droits de l’Homme "Ludovic-Trarieux" 2019 attribué à Rommel
DURAN CASTELLANOS COLOMBIE Le XXIVème Prix International des Droits de l’Homme
"Ludovic-Trarieux" 2019 a été remis, à l'occasion du 63ème Congrès
de l'Union Internationale des Avocats (UIA), le 8 novembre 2019 à Luxembourg
à l’avocat colombien Rommel Durán Castellanos, 33 ans, président de l’Equipo
Juridico Pueblos (EJP), en plus d'être un bénévole du Comité pour la
solidarité avec les prisonniers politiques (CSPP), à Bucaramanga, dans le
département du César. Cérémonie de remise du Prix 2019 Remise
du prix par Monsieur
le Bâtonnier Issouf
BAADHIO, Président de l’UIA
Monsieur
Rommel Durán Castellanos a reçu
successivement les discours d’hommage de · Discours de Monsieur le Bâtonnier François KREMER, Bâtonnier de l'Ordre des Avocats du
Barreau de Luxembourg, (en attente) · Discours de Madame Agaath S. REIJNDERS-SLUIS au
nom de Barreau d’Amsterdam) Discours de Discours du Dr Bilinç ISPARTA (au nom du barreau de Berlin) · Discours de Monsieur Sandro VECCHIO, au nom de l’Ordre des Avocats de
Genève · Discours de Monsieur Christophe PETTITI (au nom de l'Institut des
Droits de l’Homme du Barreau de Paris) · Discours de Monsieur le Bâtonnier Yves OSCHINSKY (au nom de l'Institut
des Droits de l’Homme) · Discours de Monsieur Anton Giulio LANA (au nom de
UFTDU) · Discours de Monsieur le Bâtonnier Bertrand FAVREAU (Président du Jury IDHBB/IDHAE)
(extraits) (… ) Songeons ici, à ce
qu’ils sont contraints de vivre chaque jour, ces survivants provisoires de
l’hécatombe. Quel est le vécu quotidien de ces avocats devenus des cibles ?
Il leur faut se résoudre à sentir en permanence la menace, dite ou non dite :
la menace constante, perpétuelle, une menace suspendue, qui plane à chaque
instant au-dessus de chacun de leurs actes de leur vie professionnelle et
familiale. Chaque action apporte son cortège de suspicion, de dissuasion de
vérification et de vexations, de pressions, d’interpellations ou
d’arrestations. Chaque jour nait ainsi pour eux avec son cortège de
surveillance et autre filature, d'interpellations, d’insulte ou d’agressions
physique par des agents de la
police des renseignements (SEJIN). Dans les rues, il y a parfois aussi ces
inconnus qui les abordent dans la rue, anonymement ou en tenue anonyme, pour
vous déconseiller fermement de continuer à vous occuper de certaines affaires
en n’ajoutant pour que ce soit bien clair qu’ils connaissent leur adresse,
les prénoms et les écoles de leur enfants… tout cela
pour le cas où il ne comprendraient pas. C’est cela la vie de certains avocats chaque jour, en Colombie
? C’est cela le prix à payer pour avoir voué sa vie professionnelle à la
défense des prisonniers politiques, des communautés marginalisées, des
minorités spoliées, comme les villageois dépossédés de Pitalio,
ou des familles des victimes de disparitions forcées, tortures et
d’exécutions extrajudiciaires perpétrés par des groupes paramilitaires
parfois, disent les ONG, sous le regard des agents de l'État.? C’est le destin auquel sont voués non seulement la corporation
José Alvar Restrepo mais aussi les membres de la
Corporation juridique Yira Castro, de l’association
des avocats défenseurs Eduardo Umana Mendoza, du
comité de solidarité avec les prisonniers politiques, du mouvement des
victimes des crimes d’État, le MOVICE, Ou encore de l’Equipo
juridico « Pueblos », à Bucaramanga et de de tant d’autres que l’on
ne peut tout citer : Chaque matin, ils savent qu’ils peuvent mourir, et chaque
mois, chacun se demande lequel d'entre eux sera visé. Ce mois ils ne vivront,
hantés
par le spectre de ces tueurs cagoulés, chevauchant moto venue de nulle
part qui
surgiront brusquement, pour vider sur eux un chargeur de balles de 9mm avant
de s’enfuir sans jamais risquer d’être retrouvés puisqu’ils ne seront pas
recherchés. Chaque jour, la mort pourra s’inviter, à la
porte d’un garage, à la grille d’un jardin, devant un établissement scolaire,
une salle de sport où l’on vient de conduire ses enfants et plus encore à
chaque mètre du trajet journalier, qui a déjà été surveillé, épié et balisé.
À Cali, un décret local a interdit le « parillero »
c’est-à-dire à deux hommes de plus de 14 ans de monter sur la même moto de
circuler sur la même moto. Tout motocycliste doit circuler avec son numéro
minéralogique en évidence sur son casque sur sa veste. Pourtant rien n’y a fait. Il existe toujours des fourgonnettes
remplies d’hommes armés, ou plus simplement les faux clients avides de
conseils urgents qui se présentent dans une salle d’attente avant de vider
leur chargeur lors de la consultation. Le
problème demeure, là encore, que dans ces pays, il n’y a pas d’enquête
effective, et donc une impunité pour les tueurs salariés comme pour les
auteurs intellectuels. Dans
toutes les affaires sensibles (vis-à-vis du régime au pouvoir, vis-à-vis d’adversaires
puissants comme les grandes sociétés internationales ou les grands
propriétaires fonciers, voire face aux crimes organisés). l’avocat désarmé
est naturellement exposé quel que soit son camp : qu’il s’expose
courageusement à l’adversaire pour défendre la victime ou bien qu’il soit
l’avocat de membres de l’organisation criminelle qui lui font payer les
espérances téméraires qu’il a pu donner à ses clients quant au résultat. Même
un avocat de cause paisibles purement civile, impliquant qu’il ne sache ou
non, des parents des proches des relations de narcotrafiquants est exposé à
payer de sa vie son intervention dans un dossier. Il y a en Colombie un véritable
« massacre » (le mot déjà ancien
est d’Alejandro Arenas,
alors doyen du Collège des Avocats de Cali), a massacre organisé des avocats, uniquement parce qu’ils sont avocats.
Ils doivent payer de leur vie le prix de la profession qu’ils exercent dans
l’intérêt de la société et de l’Etat de droit. Massacre ! Le doyen a appelé le gouvernement à « une action décisive contre le massacre qui est commis contre les
avocats de la Colombie, dont la seule arme pour se défendre est la force de
la loi ». Il a ajouté : « l'Etat
colombien n'a pas fourni une réponse adéquate aux nombreuses demandes adressées
aux autorités de prendre des mesures pour assurer la sécurité des avocats ». Le plus souvent cette réponse
adéquate ne vient pas. Rommel Duràn Castellanos l’attend encore
malgré les lettres du groupe d'avocats, Colombia Caravana à l'Unité de Protection des Victimes, pour
demander en sa faveur des mesures de protection du gouvernement. Ou
lorsqu’elle vient, elle vient trop tard ou trop brièvement. Au demeurant,
s’agit-il d’une réponse adéquate ? Cette année, en février, Adil José Meléndez
Marquez, un avocat spécialisé., l’un des avocats à
s’occuper et des poursuites engagées contre les paramilitaires dans la région
du nord de Bolivar ; s’est vu retirer plus exactement limiter sa
protection par des gardes du corps. Sa voiture blindée lui a été retirée,
mais il n’a droit à la protection que lorsqu'il se trouve à Carthagèna, alors que c’est dans les zones rurales qu’il
intervient le plus souvent dans les affaires de restitution de terres
notamment pour les communautés des Caraïbes colombiennes et qu’ils courent
les plus grands risques. Paula Rosero
Ordóñez, était une avocate de 47 ans. Elle aussi
avait dû bénéficier de mesures de protection il y a trois ans tant les
menaces qu’elle avait reçues s’était faite plus précise et plus insidieuse
mais trop vite la protection lui avait été retirée. Le 20 mai de cette année,
après avoir été si longtemps menacée, elle est morte sous les balles de deux
hommes à moto alors qu'elle rentrait chez elle, à Samaniego,
dans le département de Nariño. Ainsi les décennies ont passé mais en 2019, rien n'a changé,
il y a toujours le même danger. Et l’on ne peut s’empêcher de penser, dans
notre confort, à la vie de tous ses confrères qui vivent depuis lors premier
jour sous la menace de la mort.. Gabriel García Marquez, affectueusement
connu sous le surnom de "Gabo" en Amérique latine, disait « Se souvenir est facile pour ceux qui
ont de la mémoire, mais oublier est difficile pour ceux qui ont du
cœur ». Entre la mémoire et le cœur nous n’avons pas à choisir. Ce
soir pour Rommel Duràn Castellanos
et les avocats colombiens, nous nous devons de marier indissolublement la
mémoire et le cœur et après nous être souvenus, avec lui, nous engager
désormais à n’oublier jamais le soutien que nous lui devons. C’est cette alliance qui donne tout son sens au prix que nous
lui remettons ce soir. Bertrand FAVREAU Le Prix Créé en 1984, le Prix est décerné chaque année conjointement par
l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Bordeaux, l’Institut de
Formation en Droits de l’Homme du Barreau de Paris, l’Institut des Droits de
l’Homme du Barreau de Bruxelles, l'Unione forense
per la tutela dei diritti
dell'uomo (Rome) la Rechtsanwaltskammer
de Berlin, le barreau de Luxembourg, le barreau de Genève, le barreau
d’Amsterdam ainsi que l'Union Internationale des Avocats (UIA) et l’Institut
des Droits de l’Homme des Avocats Européens (IDHAE), qui contribuent à la
dotation du prix (20 000 €). Un an après sa création, le Premier Prix a été attribué le 27 mars
1985 à Nelson Mandela alors emprisonné depuis 23 ans en Afrique du Sud. Il a
été remis officiellement à sa fille, le 27 avril 1985. C’était alors le
premier prix qui lui était décerné en France et le premier dans le monde par
des confrères avocats. Cinq ans plus tard, le 11 février 1990, Nelson Mandela
était libéré. A partir de cette date, le prix a été de nouveau attribué. Le Prix avait été attribué en 2018 à l’avocate iranienne Nasrin SOTOUDEH condamnée à une peine de 38 années de
prison et 148 coups de fouet. Il est la plus ancienne et la plus prestigieuse des récompenses
réservées à un avocat puisque son origine remonte au message de Ludovic
Trarieux (1840-1904), fondateur, en 1898, au moment de l'Affaire Dreyfus, de
la « Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen « : « Ce n'était pas seulement
d'ailleurs la cause isolée d'un homme qui était à défendre, c'était, derrière
cette cause, le droit, la justice, l'humanité ». Ont été
successivement lauréats : 1985: Nelson MANDELA (South Africa) 1992: Augusto ZÚÑIGA PAZ (Peru) † 1994: Jadranka CIGELJ (Bosnia-Herzegovina) 1996 Nejib HOSNI (Tunisia) and Dalila MEZIANE (Algeria). 1998 ZHOU Guoqiang (China) 2000 Esber YAGMURDERELI (Turkey) 2002 Mehrangiz KAR (Iran) 2003 Digna OCHOA and Bárbara ZAMORA (Mexico) 2004: Akhtam NAISSE (Syria) 2005: Henri BURIN DES ROZIERS (Brazil) 2006: Parvez IMROZ (India) 2007 : René GÓMEZ MANZANO (Cuba) 2008 : U AYE MYINT (Burma) 2009 : Beatrice MTETWA (Zimbabwe) 2010 : Karinna MOSKALENKO (Russia) 2011 : Fethi TERBIL (Libya) 2012 : Muharrem ERBEY (Turkey) 2013 : Vadim KURAMSHIN (Kazakhstan) 2014 : Mahienour el-MASSRY (Egypt) 2015 : Waleed Abu al-KHAIR (Saudi Arabia) 2016: WANG Yu (China)-Rejected 2017 : Mohammed al-ROKEN (United Arab Emirates) 2018
: Nasrin SOTOUDEH (Iran) Décerné
à Адвокатская палата
Республики
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