
SPECIAL MENTION BY THE JURY
The Jury's Special Mention: "BAR OF THE YEAR 2025," awarded annually to a bar association that has distinguished itself for its commitment to the independence of lawyers, its exemplary fight for the rule of law, and for the suffering endured in the service of human rights, is awarded to the:

Hommage au Barreau d Istanbul
BARREAU DE L ANNÉE 2025 BAR OF THE YEAR 2025
La mention spéciale du jury "BARREAU DE L'ANNÉE", décernée chaque année à un barreau qui s'est distingué par son engagement en faveur de l'indépendance des avocats, sa lutte exemplaire pour l' État de droit et ses souffrances endurées au service des droits de l'homme, a été attribuée pour 2025 au Barreau d'Istanbul.
Madame Dominique ATTIAS
Ancienne vice-bâtonnière du barreau de Paris,
Présidente de la Fondation des Avocats Européens
"L'lstanbul Barosu, conscience juridique et flambeau de la liberté "
Mesdames, Messieurs,
Chers confréres, chères consoeurs,
Parler du Barreau d'Istanbul aujourd'hui, c'est évoquer bien plus qu'une institution professionnelle. C'est rendre hommage à une conscience collective, une tradition séculaire de défense des droits, et une voix courageuse qui ne s'est jamais tue face l'injustice.
Fondé en 1878,le 5 avril très exactement ( désormais comme la journée des avocats ) le Barreau d'Istanbul est l'un des plus anciens et des plus puissants barreaux du monde.
Avec aujourd'hui plus de 65 772 avocats inscrits, au 31 d cembre 2024 dont 34 532 Femmes et 31 240 hommes, il incarne lui seul la diversit , la vitalit et la complexit de la soci t turque contemporaine.
Dans une m tropole qui est à la fois carrefour des civilisations et miroir des tensions du monde moderne, le Barreau d'Istanbul a toujours choisi son camp.
: celui du droit, de la justice et de la liberté .
Son histoire est Une histoire de courage et de résistance
Depuis sa création, le Barreau d'Istanbul s'est distingué par son engagement inébranlable pour l' État de droit.
Sous l'Empire ottoman déjà, ses membres prônaient une justice indépendante et l' égalité devant la loi.
Durant les périodes de crise de la République turque confrontée aux coups d' État, restrictions des libertés, procès politiques - le Barreau d'Istanbul a été souvent la dernière voix de la raison juridique.
Il a défendu des journalistes, des militants, des juges, des citoyens ordinaires. Il a osé dénoncer les violations des droits fondamentaux, y compris quand cela signifiait s'exposer à la répression ou à la marginalisation.
Et, chaque fois, il a rappelé une vérité simple mais essentielle :
"Sans avocat libre, il n'y a pas de justice libre."
À la tête de ce barreau emblématique se trouve aujourd'hui le Professeur Avocat ibrahim Ozden Kaboglu, élu en 2024.
Constitutionnaliste de renommée internationale, ancien député , universitaire respecté , il incarne à la fois la rigueur du juriste et la hauteur de vue du penseur.
Son parcours est celui d'un homme profondément attaché àla Constitution,
la démocratie et la dignité humaine.
Persécuté à plusieurs reprises pour ses prises de position, le Bâtonnier Kaboglu n'a jamais renonc défendre le principe de la primauté du droit sur le pouvoir.
Sous sa présidence, le Barreau d'Istanbul poursuit cette tradition d'indépendance, multipliant les actions pour prot ger les avocats menacés, soutenir les procès équitables, et rappeler aux autorités que le barreau n'est pas une institution d'agrément, mais une institution de contre-pouvoir.
Le BARREAU D'Istanbul est une boussole au coeur des tempêtes
Ces dernières années, les défis ont été nombreux pour tenter d'affaiblir Istanbul Barosu
- réformes législatives fragilisant l'unité des barreaux,
- procédures judiciaires contre ses dirigeants,
- pressions politiques, campagnes de désinformation...se sont succédés sans relâche
Mais loin de se laisser intimider, le Barreau d'Istanbul a su répondre par la fermeté du droit et la force morale.

Istanbul Baskani Ibrahim Kaboglu.
Encore aujourd'hui le Bâtonnier d'Istanbul et son conseil de l'Ordre sont poursuivis devant la juridiction pénale pour propagande terroriste et
diffusion d'informations trompeuses .
Le crime commis : un communiqué du Barreau réclamant l'application du droit international humanitaire et l'ouverture d'une enquête concernant
2 journalistes turcs (Nazim Dastan et Cihan Bilgin) victimes d'un drone turc au
Rojava (Syrie le 19 décembre 2024) .
La prochaine audience aura lieu à Silivri début janvier prochain ( à compter du 5 janvier prochain).
Nous y serons en nombre sans nul doute car La communaut internationale, des Barreaux aux avocats, du Conseil de l'Europe - Amnesty International - a r affirmé et réaffirme son soutien au Barreau d'Istanbul, institution oh combien essentielle ! pour la démocratie turque.
Un procès civil en destitution du Bâtonnier et des 10 membres du Conseil de l'Ordre a eu lieu également avec pour r sultat la destitution du Bâtonnier et de son conseil de l'Ordre sans exécution provisoire fort heureusement.
Bien évidemment un appel est en cours et nous serons à leurs côtés. Le Barreau d'Istanbul, est une école de courage collectif:
Il fait entendre la voix de milliers d'avocats qui, chaque jour, plaident non seulement pour leurs clients, mais aussi pour l'idée même de justice.
En honorant le Barreau d'Istanbul, nous rendons hommage ce que l'avocature a de plus noble :
le refus du silence, la fidélité la vérité, la défense inlassable de la liberté . Son combat n'est pas un combat local, c'est un combat universel.
Il nous rappelle que la justice n'est pas un acquis, mais une conquête permanente - et que les barreaux, partout dans le monde, sont les gardiens de cette conquête.
Puissions-nous, l'image du Barreau d'Istanbul,
Rester debout quand la loi chancelle, parler quand le silence s'impose,
et défendre toujours, quoi qu'il en coûte,
ce qui fonde notre profession et notre humanité : la justice et l'État de droit
DOMINIQUE ATTIAS
Réponse
Monsieur le b tonnier Ibrahim KABOGLU, Bâtonnier du barreau d'Istanbul
Monsieur le Bâtonnier Bertrand FAVREAU
Président du Jury et de l'IDHBB
Si pour la deuxième fois en 40 années, nous voici de retour en Russie, nous ne saurions oublier ce soir, non pas à titre liminaire mais dans un souci premier et essentiel, qu'à trois reprises déjà la dure loi qui s'impose à ce jury l'a inexorablement contraint de se tourner vers l'Iran sans doute, mais aussi que c'est presque la cinquième fois que nous devons de célébrer le courage, la détermination et la résilience des avocats de Turquie.
Lancinante Turquie, il est vrai! Déjà, il y a 40 ans lors du premier jury, en avril 1985, il y avait un cas tragique venu de Turquie. Il s'agissait d'un avocat du barreau de Diyarbakir , qui avait été torturé. C'était en 1985. Je m'en souviens encore : il s'appelait Hussein Yildirim. Et même si ses souffrances ont pu alors, être jugées par le jury de cette époque moindre que celle d'un autre prisonnier, déj détenu depuis plus de 20 ans dans des geôles d'Afrique du Sud, sa situation en Turquie n'en était pas moins profondémen tragique. Il n'est guére d'année depuis, qui ne soit venue nous apporter son cortège de détresses plurielles, de combats ininterrompus ou d'espérances déçues venues de la terre de Turquie.
On aurait scrupule, il est vrai, à ajouter un seul mot à ce qui
vient d'être aussi définitivement qu'excellemment dit, il y a quelques instants
par Madame la Vice-bâtonnière Dominique Attias pour célébrer comme il se doit le
barreau d'Istanbul et le bâtonnier Kaboglu.
Pourtant, pourrions-nous ne pas
nous nous souvenir de ce que depuis 2000 les affres du peuple kurde sont venues hanter
de façon lancinante nos esprits. Il y a pr s de 30 ans, le lauréat qui a scandé
la césure entre deux siécles, avait été condamné
perpétuité , avant de faire l'objet d'une grâce parce qu'il était aveugle. Esber
Yagmurdereli c'était son nom - était certes un avocat de Bursa mais
c'était aussi un poéte devenu l'un des symboles de la lutte pour la liberté d'expression
en Turquie. Il aura passé plus de 17 années en prison. En 1997, parce que - lui
aussi - avait tenu des propos qui déplaisaient aux autorités alors en place. Et il a
condamné à nouveau cette fois à vingt-trois ans de prison parce qu'il avait
exhorté à une solution pacifique à la question kurde. Du fait de sa
condamnation, il a été radié du barreau. Si l on excepte les grandes
organisations universalistes la bientôt séculaire FIDH et Amnesty, nous étions
alors peu il est vrai, en ce temps-là à nous és;mouvoir de cette situation qui ne
faisait pas encore partie de la politique obligée des services de communication
des barreaux. Heureusement, les vocations se sont réveillées par la suite peu à
peu et la malédiction qui s'abat sur le peuple kurde a questionné la conscience
mondiale. Puis il y a eu deux autres lauréats, Muharrem Erbey, président de la section de l'IHD
de Diyarbakir, avant que nous ne suivions au rythme d'appel hebdomadaire puis
quotidiens, la lente agonie d'Ebru Timtik dans la scansion lente et oppressante d'un
goutte-à-goutte qui pouvait à tout instant être débranché. Aujourd'hui, après le barreau de
Diyarbakir c'est donc au tour du barreau d'Istanbul de subir la
persécution des robes noires en Turquie.
