Ludovic Trarieux Historical Account The Prize 2000 The Prize 2002 The Prize 2003 The Prize 2004 The Prize 2005 The Prize 2006 Livre d'Or
“The
award given by lawyers to a lawyer ”
Because of his struggle for human rights in Syria
At the risk of his own liberty,
Aktham Naisse
Syrian lawyer, 53 years,
chairman of the Committee for the Defence of Democratic Liberties and Human Rights in Syria (CDF), and Vice President of the Arab Commission for Human Rights.
presented
The International Human Rights Prize
in Brussels
on October 8th
from the hands
of Court of Cassation highest Judge
Premier President Michel
Lahousse
In the main hearing room of the Court
in the Law Courts'
of Brussels (Belgium)
Under a storm of applause of a numerous and standing public, the first president Michel Lahousse congratulated heartily Me Aktham Naisse.
The president , bâtonnier John Bigwood, in his speech, stigmatized deprivations of liberty of which Me Aktham Naisse born was the object as well as the awful tortures that he underwent during his detention. He qualified of « cruelties without word» treatments inflicted by the Syrian power to Me Aktham Naisse. He exalted the courage of Me Aktham Naisse confronted to a permanent harassment, and who must be trialed before a court of safety where judges are not independent and obey to orders of the power. Il a rappelé que He recalled that Me Aktham Naisse born is accused of having pursued without disabling a fight for human rights in Syria. He is today liable of a pain going till perpetuity of jail. Discours de M. le bâtonnier John BIGWOOD Discours de M. le bâtonnier FAVREAU, président de l’IDHAE à l’occasion de la remise du 9ème Prix International des Droits de l’Homme "LUDOVIC-TRARIEUX
» 2004 à Me Aktham NAISSE.
Aktham Naisse et Bertrand Favreau Monsieur, Il y a 20 ans, très exactement, en 1984…Nous
avons créé ce Prix International des Droits de l'Homme pour le décerner à un
Avocat du monde. Certes, il existe bien d'autres récompenses,
beaucoup plus prestigieuses, beaucoup mieux dotées, mais à celle-ci nous avons
voulu donner une signification particulière par sa spécificité. : Honorer
le combat d’un avocat. Pour cela, nous avons offert à d’autres qui
partagent les mêmes valeurs de se joindre à nous pour son attribution. Et, je
veux remercier en cet instant l’Institut des droits de l’Homme du barreau
francophone de Bruxelles, qui a demandé à être le premier à accueillir hors de
France, la cérémonie de remise de ce Prix. Hommage des Avocats à un Avocat, ainsi s'est -
il définit depuis, puisque c’est un jury exclusivement composé d’avocats qui le
décerne*. Car, celui dont il perpétue la mémoire était
un Avocat dans l'âme, au point de consacrer sa vie, son oeuvre et ses
souffrances, au-delà d'une activité professionnelle traditionnelle, à des
causes qui ne lui avaient pas été confiées et à des clients qui ne l'avaient
aucunement saisi. A moins que, il n'y ait dans la mission de
tout Avocat, au-delà d'une activité qu'elle soit de défense ou de conseil,
proprement professionnelle une autre mission plus large, à moins que, la
liberté ne soit toujours une cliente exigeante, il convient de défendre sans
délai et sans répit pour tout Avocat. C'est pourquoi ce prix, Monsieur vous échoit
légitimement cette année. Sans doute auriez-vous mérité de le recevoir
plus tôt. Mais telle elle est la dure contrainte des membres du jury que de
choisir entre tant de souffrances, toutes plus dignes et plus urgentes les unes
que les autres, au prix d'éliminer, dan le même instant, la mort dans l'âme,
avec à chaque instant le risque de se tromper, une autre souffrance dont
l’intensité et l’acuité ne sont pas moindres. Tous ceux qui ont oeuvré à un instant de leur
vie ou de leur carrière pourrait avoir vocation à recevoir ce prix. Mais il
apparaît encore plus mérité pour celui que ce combat a meurtri dans sa liberté
et dans sa chair. Ce qui force l’admiration chez vous, c’est
d’abord la permanence du combat. Mon - presque -
concitoyen, La Boétie, disait trois siècles avant beaucoup d’autres : « La
liberté est naturelle : nous ne sommes donc pas seulement nés avec elle
mais aussi avec la passion de la défendre. » C’est cette passion qui anime l’avocat dès ses
débuts. La défense des droits humains, dans votre
propre cabinet, à Lattaquié, insistant sur la nécessité d’abolir les lois
martiales et l’état d’urgence maintenu en Syrie, depuis 1963, pour instaurer un
état de droit. Habité par une conception exigeante des droits
de la défense, en 1977 vous avez refusé de plaider devant la Cour de Sûreté de
l’Etat, juridiction aux ordres du gouvernement, et où aucune garantie d’équité
ne pouvait être assurée, ignorant encore sans doute alors que la juridiction
ferait, un jour, un accusé de l’avocat qui la boudait. Car l’engagement individuel ne suffit pas et
vous deviez choisir la lutte collective, celle qui conduit à négliger sa
liberté individuelle pour rendre à autrui sa liberté confisquée. Dans les années 50
et au début des années 60, il y avait des partis politiques et des associations
en Syrie. Il existait une société civile qui n'était pas complètement
confisquée ou étouffée. Mais depuis 1963, avec la déclaration de
l'état d'urgence, cette société civile a été anéantie et vous avez jugé qu’il
était urgent de songer progressivement à la reconstruite. Février 1982 : première arrestation, - et premières tortures
- parce que vous ne cessez de réclamer l’instauration d’un état laïque,
respectant les libertés fondamentales, et de rejeter la violence qui se déchaîne
entre le gouvernement et les Frères musulmans. Libéré
fin 1982, victime des séquelles d’une hémiplégie droite et néanmoins soumis à
une étroite surveillance policière, vous reprenez votre activité d’avocat, et
de défenseur des droits humains. Mais avec vos compagnons de lutte, il vous
faut changer de stratégie, éviter l'opposition frontale, utiliser les tracts,
publier des articles au travers du syndicat des avocats. Et là, comme tous les militants de la liberté,
vous concevez qu’il faut aller plus loin : créer un regroupement, un rassemblement
autour des droits de l’homme violés au quotidien, comme d’autre en, d’autres
temps eurent l’idée de créer une Ligue. 1989, c’est l’année d’un bicentenaire…. Le 10 décembre, c’est une belle date pour les
droits de l’homme. Le 10 décembre 1989,
- et la date ne cache ni sa révérence historique, ni sa référence universelle -
vous créez le Lijan al Difaa an al Hurriyat al Dimoqratiya wa Huquq al Insan
fi Suriya (le Comité de Défense des Libertés et des Droits de l'Homme en
Syrie, connu aujourd’hui dans le monde entier dans son pluriel et sous son seul
sigle : les CDF. Vous en êtes élu -
en quelque sorte - président…sous le titre plus évocateur de
« porte-parole » de tous ceux à qui on la refuse. Trêve de querelle
sémantique, vous en êtes l’âme. C’est alors la seule
ONG de défense des droits de l’Homme indépendante en Syrie. Car, il y a bien,
certes, d’autres ONG indépendantes mais elles mènent des activités dans des
domaines moins sensibles politiquement. Pourtant, depuis leur création, les CDF n’ont
rencontré que difficultés pour réaliser leur mission de défense des droits de
l’Homme. Depuis 15 ans, ils
demandent à être reconnus légalement et à pouvoir travailler ouvertement, sans
être soumis à un harcèlement gouvernemental de tous les instants. Mais, ils
n’ont pu travailler que dans la clandestinité ou depuis l’exil, et ses
militants ont du payer un tribut chaque fois plus lourd pour leur engagement. En 1991, dans le prolongement des élections
présidentielles, une déclaration des CDF, détaillant par comparaison dans une
déclaration publique, les conditions d'une élection véritablement démocratique
vaut une arrestation de plus cent membres et sympathisants du mouvement. Le deuxième anniversaire de la création des
CDF interviendra dans la clandestinité. Mais sans doute est-ce déjà trop
tolérer. Et le 18 décembre 1991, c’est pour vous une
nouvelle arrestation et de nouvelles tortures. Puis, après un procès que toutes les ONG ont dénoncé comme inique,
en 1992, la peine prononcée par la Cour suprême de sûreté de l'État
tombe : neuf années de prison. Vous y resterez 7 années. Une santé gravement atteinte ces longues années de détention, vous
vaudra d’être « généreusement » gracié en mai 1998, puis libéré, en
juillet, mais sans être rétablis dans vos droits, notamment votre liberté de
mouvement et votre droit d’exercer normalement votre profession. Immédiatement après cette sortie de prison,
avec les membres des CDF, vous restructurez l’association. Jusqu’à faire des
CDF le fer de lance d’une campagne en faveur de la levée de l’état d’urgence et
du retour des exilés syriens dans leur pays. En juin 2000, alors que le siècle allait
finir, le « Sphinx », - ainsi appelait-on - le président Hafez al
Assad - est mort. Dans les mois qui ont suivi l’investiture de
son fils Bechar, on a pu croire à une sincère volonté d’ouverture puisque
manifestée d’abord dans son discours d’investiture, en juillet 2000, juillet,
puis par l’adoption de décrets, ordonnant notamment la libération de 600
prisonniers d’opinion en novembre 2000. La politique sécuritaire a connu un certain
relâchement. Des activités politiques et associatives limitées ont été tolérées
et l’on a pu constater un certain frémissement de la société civile avec,
notamment, l’apparition de près de 70 forums de discussion. Un mince rai de
lumière était venu éclairer les combattants voués à la pénombre. Le 15 septembre 2000, les CDF ont connu un
grand moment dans leur histoire. Pour la première fois, ils ont pu tenir leur
congrès, certes à huis clos mais sans être inquiétés par les autorités. Un
nouveau conseil d’administration, ainsi qu’un bureau ont alors été élus. Ainsi, le 10 décembre 2000, à l'occasion du 52ème
anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l'Homme et du 11ème
anniversaire de la création des CDF, les CDF ont-ils pu diffuser en Syrie une
déclaration - pour la circonstance non censurés en Syrie - qui a bénéficié d'un
large écho dans les médias, tant arabes qu'internationaux. . Dès février 2001 cependant, la tendance s’est
inversée : la Syrie a assisté à un retour en force de l'ancien régime.
Plus question de l’amnistie générale annoncée en faveur des prisonniers
politiques et d’opinion encore détenus en Syrie - près de 800 personnes, parmi
lesquelles au moins 200 Libanais. Le président Bechar el-Assad a lancé une mise
en garde, le 18 mars 2001, contre toute tentative de critique du régime. "Il
existe des principes en Syrie auxquels personne ne doit porter atteinte, comme
les intérêts du peuple syrien, le parti Baas (au pouvoir), l'unité nationale,
les forces armées et la politique qui a été suivie par le président Hafez
el-Assad. (…) Attaquer ces fondements, c'est porter atteinte aux intérêts
nationaux du peuple et servir les ennemis de la patrie", a-t-il ajouté
en avertissant qu'il "ne permettra à personne de dénigrer notre
histoire ou de lui porter atteinte". Peu après, le jeune Président mettait ses
menaces à exécution en imposant, au mépris des libertés d’association et
d’expression, une série de conditions préalables difficilement réalisables à la
tenue des forums de discussion. Conséquence immédiate : la quasi-totalité
des forums a disparu. La répression s'est accentuée et les grandes
figures de la société civile, comme les députés Maamoun el-Homsi et Riad Seif
ou l'ancien prisonnier politique, notre confrère, Riad al Turk, ont été
re-conduit en prison ou ont été contraints à l’exil. En juin 2002, le Parlement européen a adopté
une résolution dans laquelle il a exprimé sa vive inquiétude à propos de
l'emprisonnement d'intellectuels et de personnalités de l'opposition. Aujourd’hui plusieurs milliers d’exilés
volontaires vivent en dehors de la Syrie. Ils ne peuvent y retourner par
crainte d’être persécutés, arrêtés ou emprisonnés. Certains d’entre eux ont été
condamnés arbitrairement pour leurs opinions tandis que d’autres ont été
arbitrairement privés de leur passeport. Ecoutons l’un
d’entre eux parce qu’il est tout près de nous, ce soir. C’est Maan Alhasbanei,
un artiste syrien réfugié à Bruxelles qui vit dans l’anonymat du quartier
Madou. « Le système
répressif du gouvernement syrien est terrible. Les agents de sécurité du
gouvernement sont partout, le réseau des collaborateurs est tentaculaire :
des étudiants, des taxis, des balayeurs de rue… Les téléphones sont écoutés, la
poste est interceptée, le moyen de communication privilégié est Internet, on
communique par e-mails. Et en fait, le site web des CDF a été fermé au moins
une dizaine de fois dans les derniers mois. La police intervient
indistinctement pour interroger, molester les familles des dissidents, les
amis, les voisins de palier. Les gens ont peur parce qu’ils savent ce qui les
attend s’ils protestent » Ce qui attendait les CDF ? Le 27 août
2003, le service de la sécurité militaire à Damas, vous ont convoqué, insultant
et menaçant, vous a signifié que toute activité des CDF était interdite jusqu’à
nouvel ordre. Mais les CDF n’ont pas désarmé. Au contraire,
ils ont redoublé d’efforts. Et plus que jamais, ils constituent l'un des
principaux pôles d'attraction des activités de la société civile naissante dans
le domaine des droits de l'Homme et de la démocratie. Fin janvier 2004, est publiée sur Internet une
pétition intitulée « La fin de l’état d’urgence en Syrie «. 7000 intellectuels
l’ont signé. Les CDF publient leur rapport annuel : il
dénonçait les graves violations des droits de l'homme commises en Syrie
notamment à l'encontre des populations kurdes. Par ailleurs, le CDF
persistaient à demander la levée de l'état d'urgence en vigueur en Syrie depuis
41 ans et faisait part de ses préoccupations concernant le sort des nombreux
Libanais qui ont disparu en Syrie. Amnesty confirme : Un très grand nombre
de Libanais et de personnes d'autres nationalités ont en effet «disparu» après
avoir été arrêtés ou enlevés par les autorités syriennes, ou livrés par des
groupes armés ; pour beaucoup, cela s'est passé au cours de la guerre civile
libanaise (1975-1990) ou pendant le conflit qui a opposé la Syrie à
l'Organisation de libération de la Palestine dans les années 1980. Une campagne nationale est annoncée pour
réclamer des réformes démocratiques, le respect des droits humains et la levée
de l'état d'urgence en vigueur en Syrie depuis 41 ans. Le 8 mars, date du 41ème anniversaire
de la prise du pouvoir par le parti BAAS, vous prenez la tête d’une
manifestation devant le Parlement après avoir proclamé haut et fort que l’état
d’urgence « a amené la paralysie de la société, et provoqué
l’emprisonnement de milliers de citoyens pour des motifs politiques » La manifestation, avait été annoncé cette
et les manœuvres d’intimidation et pressions des autorités n’ont pas manqué
pour vous y faire renoncer. Elle a eu lieu, pourtant. Et, ce fut la
première de ce type en Syrie depuis quarante ans, pour réclamer l’instauration
d’un état de droit. Brutalement dispersée par la police vous-même
et nombre de manifestants arrêtés puis libérés le soir même. Pétition, Rapport, manifestation… Sans doute
était-ce trop. La moindre des choses pour la démocratie et les libertés, mais
trop pour ses adversaires. Le mardi 13 avril vous avez été à nouveau convoqué par le département
de la sécurité militaire dans la ville de Lattaquié. Cette fois ci il ne s’agit plus
d’intimidation des forces de sécurité. Désormais les notifications et
interrogatoires récurrents depuis 1998, les menaces contre votre famille et, en
particulier votre mère agressée et battue, en 2003, ne constituent p^lus un harcèlement
suffisant. Ce jour-là vous avez été arrêté, emprisonné, et mis au secret. Et, ce
sont bien les CDF que ‘on veut anéantir : Deux de vos proches au sein des
CDF, Ahmad Khazar et Hassan Wafti ont été arrêtés les 15 et 16 mars par les
services de la sécurité militaire à Damas pour avoir participé au rassemblement
devant le Parlement. Ils ont été condamnés à 55 jours de prison. Pour vous le régime est plus draconien et dans les deux jours suivant
votre arrestation, dans la prison de Sednaya, vous serez victime d'une attaque
cérébrale. Lorsque, pour la première fois, le 22 avril, vous serez amené très
affaibli, devant la Cour suprême de Sécurité de l'Etat un « juge »,
ce sont deux membres des forces de sécurité qui devront vous y porter, selon
les témoins. Accusé de « s’être opposé aux objectifs de la
révolution », de « diffusion de fausses informations dans le but d’affaiblir
l’Etat » et « d’association à des organisations internationales », vous
encouriez la prison à vie. Cependant, en raison d’une « généreuse »
amnistie accordée par le Président syrien, le 15 juillet 2004, la Cour a
abandonné la dernière charge, bienveillance qui voudrait que vous ne risquiez
plus que 15 ans de travaux forcés. Malgré cela, le lendemain du jour ou vous ave
été libéré sous caution par la Cour de sûreté, le 17 août dernier, vous avez
déclaré : que vous continueriez à vous battre pour les droits de l’homme
bien que trop certains déjà d’être déclaré coupable et de devoir retourner en
prison. » Je continuerai et personne n’a demandé que j’arrête ?
Ils sont parfaitement au courant que je n’arrêterai jamais. » Ainsi, c’est le
sacrifice de votre liberté personnelle auquel vous avez consenti. Acceptez que
l’on reste confondu par tant de courage et de détermination. Nous sommes des
hommes d’affaires, vous êtes un homme tout court. C’est à cette humanité que nous rendons
hommage avec humilité. Et vous voici, de nouveau confronté à une
justice inéquitable. Ainsi se dessine une autre permanence : Ce fut vrai en 1991, c’est encore vrai
aujourd’hui. Nous connaissons ces parodies judiciaires.
certes, il y à des lois, des cours, des juges. Tout a été dit sur ces lois. Depuis le milieu
du XVIIIème siècle, Adam Ferguson, le premier - et sans doute le seul -
théoricien de la société civile, nous l’avait enseigné : « Si
les règles écrites, les formes de procédures et tout ce qui fait la loi cessent
de tirer leur force de l’esprit même qui les a inspirés, alors ils ne servent
plus à réprimer, mais seulement à couvrir les iniquités du pouvoir » Tous les états, ont aujourd’hui
orgueilleusement organisé un système judiciaire, une magistrature :dont
l’apparence et l’apparat sont calqués jusqu’à la caricature sur celui des
vieilles démocraties. Mais les procès se déroulant devant la Cour
suprême de sûreté de l'Etat n’en demeurent pas moins inéquitables. Tout a été dit déjà sur le fonctionnement de
ces juridictions spéciales qui ne dépendent même pas de l'Ordre Judiciaire, fut
- il lui-même indépendant. Les accusés ne sont pas autorisés à consulter
librement un avocat, un des trois juges est un officier militaire, le président
de la Cour dispose de pouvoirs discrétionnaires ; les aveux arrachés sous la
contrainte ou la torture peuvent être retenus à titre de preuve ; les verdicts rendus
ne peuvent pas faire l'objet d'un appel et enfin, la Cour n'est pas tenue de
respecter le Code de procédure pénale., les procédures criminelles habituelles
ne s’appliquant pas à la Cour puisque cette dernière n’agit pas sous les ordres
d’un tribunal supérieur de justice mais sous ceux du Bureau de la sécurité
nationale du parti Baath qui est actuellement au pouvoir. Cessons là cette énumération. Un seul mot suffit : les juges n’y sont
pas indépendants. Or, de même qu’il n’y a pas d’état de droit sans
juges et avocats indépendants, de même l’indépendance des premiers est
l’interface ou la garante de celles des seconds. Dans une société démocratique,
il ne saurait y avoir de magistrats véritablement indépendants si le barreau ne
l’est pas. Mais un barreau ne peut l’être et le demeurer qu’avec des juges
suffisamment indépendants pour sanctionner les violations éventuelles de cette
indépendance. Ainsi, en tous lieux et en tous temps, le degré constaté
d’indépendance des juges et des avocats restera-t-il l’un des meilleurs
critères du respect de la démocratie et de l’Etat de droit. Sans doute, la
totale indépendance judiciaire reste-t-elle un idéal à atteindre. Dans un
jugement récent, en date du 17 octobre 2002, un juge de la
Haute Cour de l’Afrique du Sud a déclaré que, dans une société
démocratique, l’appareil judiciaire dans son ensemble ne doit pas seulement se
dire ou se vouloir indépendant, il doit prouver à l’évidence qu’il l’est
véritablement. Et il a ajouté : « L’indépendance et l’impartialité des
magistrats, sont au cœur même de la légalité, essentielles pour le bon
fonctionnement de la justice. » N’est ce pas assez dire assez dire que
l’indépendance des juges ne saurait être qu’un leurre dans une société qui
ignore la démocratie ? Après nous avoir quittés, le 24 octobre
prochain, ou un autre jour d'ailleurs, vous devez comparaître devant une de ces
juridictions dont vous avez déjà connu les affres. C'est un message d'espoir que je voudrais
lancer ici. Cette juridiction vous a déjà libéré sous
caution, il y a un peu moins de deux mois. Sans aucune concession, sans aucun angélisme,
et tout en prononçant une condamnation aussi ferme contre tout ce qui n'est pas
une justice totalement indépendante, acceptons un instant ici l'espérance
qu'elle a fait naître. Héraclite d’Ephèse disait : « Sans
l’espérance, il n’est pas possible de trouver l’inespéré ». Est-il déraisonnable, ce soir, d’espérer
encore l’inespéré ? ESPERONS, Que vos juges veuillent bien admettre qu'un
homme qui combat la loi injuste ne combat pas le droit ni l'état de droit au
contraire, il oeuvre pour l'instaurer... Qu’ayant estimé un jour, il y a peu, que la
détention arbitraire d'un homme ne se justifiait plus lui donne à penser que
cette détention jamais plus ne sera nécessaire... Qu’ils veuillent se souvenir qu'il n'est
qu'une loi, ici bas, la Loi universelle, celle à laquelle toutes les autres
doivent se soumettre, et de façon plus contingente, qu'elle applique dans
l'ordre judiciaire, les engagements internationaux que cet Etat a librement
signés et que le reste du Monde attend qu'il respecte. ESPERONS, Que la soumission aux ordres cède à la
conscience du Juge indépendant et impartial. Là ils auront rempli leur oeuvre de Cour, et
leur mission de sûreté. L'unité et la sécurité du pays en sortiront
renforcées. De même que la
liberté se respire, l'indépendance se conquiert, se proclame, se défend. Elle
ne se décrète pas. C'est d'abord un état d'esprit. Bien avant Paul
Valéry, David Thoreau - le chantre de la désobéissance civile - ( que vous
pouvez aussi appeler Henry puisqu’il a lui-même interverti ses prénoms au cours
son existence) proclamait : « Je ne suis pas né pour être
contraint. Je veux respirer comme je l’entends » Mais c’est vous que je veux citer pour la fin.
Le peuple syrien a hérité de plusieurs civilisations. Les recherches
archéologiques opérées dans le pays qui a embrassé les 3 religions
monothéistes : musulmane, chrétienne et juive, ont permis aussi une
découverte - c’est vous qui l’avez écrit - le plus ancien mot intelligible
désignant la liberté : AMARJI . Et cela, en 2500 ans avant JC. En 1993 écrivant au
Forum des ONG de Vienne depuis votre prison, vous aviez voulu terminer en
faisant votre ce mot du poète de la Révolution française : « Liberté,
mère de toutes les vertus, soit mon dernier refuge » AMARJI donc ! ESPERONS… Permettez-nous - à l’instant de vous
remettre ce prix - d’espérer pour vous qu’elle sera un havre prochain, un havre
de vie, pour vous et le peuple syrien tout entier. Bertrand
FAVREAU Bruxelles 8 octobre
2004 The 21 European lawyers members of the Jury of
the "LUDOVIC-TRARIEUX INTERNATIONAL HUMAN RIGHTS PRIZE » meeting in
Paris House of Lawyers, on onday April 26th 2004 awarded the nineth « Ludovic-Trarieux » Prize, created in 1984
(first prize winner Nelson Mandela then in jail) and awarded every year to a lawyer, regardless of nationality
or Bar, who, by his work, will have illustrated his activity or his suffering,
the defence of human rights, of defence rights, the supremacy of law, the struggle
against racism and intolerance in any form jointly by the HUMAN RIGHTS
INSTITUTES OF THE BAR Of BORDEAUX, of BRUSSELS and OF PARIS and the EUROPEAN BAR HUMAN RIGHTS INSTITUTE ( IDHAE) ,
to Aktham Naisse (written also Nu’aysa), 53 year old, a human rights defender
and lawyer, chairman of the Committee
for the Defence of Democratic Liberties and Human Rights in Syria (CDF), and
Vice President of the Arab Commission for Human Rights. * THE FOLLOWING IS THE ALPHABETIC LIST OF MAMBERS OF THE JURY : Me Brigitte AZEMA-PEYRET, (Commission juridique Amnesty
International) , Ms Julia BATEMAN,
vice-président de l'IDHAE (IDHAE),
Me John BIGWOOD, Bâtonnier désigné
de l'Ordre Barreau de Bruxelles (Bruxelles), Me Raymond BLET, IDHBB,
(Bordeaux), Me Thierry BONTINCK
Trésorier de l’Union des Avocats Européens (UAE) (Bruxelles), Monsieur Bernard CONDAT, Bâtonnier de l'Ordre des Avocats du barreau
de Bordeaux, M. le bâtonnier Jean
CRUYPLANTS, Bâtonnier de l'Ordre Barreau de Bruxelles, Me Nicole DERHY, (Institut
des Droits de l'Homme du Barreau de Paris), M. le bâtonnier Bertrand FAVREAU, Président de IDHAE,
M. le bâtonnier Georges FLECHEUX, Président de l'IDHBP (Paris), Me Philippe FROIN, Vice-président de
l'IDHBB, (Bordeaux), Me Marie
France-GUET .(Paris), Me Wojciech
HERMELINSKI, President of Polish Bar Human Rights Institute, Me Isabelle HUET,
IDHBP (Paris), Me Pierre LAMBERT,
Président de l'Institut des Droits de l'Homme du Barreau de Bruxelles
(Bruxelles), Me Joe LEMMER, Secrétaire
général de l’Union des Avocats Européens (UAE), Me Christophe PETTITI,
Secrétaire général de l'Institut
des Droits de l'Homme du Barreau de Paris (IDHAE), Me Laurent PETTITI,
secrétaire du Conseil de l'Ordre des Avocats du barreau de Paris, Me Michel
PUECHAVY, IDHBP.(Paris), Me Jean Pierre
SPITZER, Directeur scientifique de l’Union des Avocats Européens (UAE) , Me
Hélène SZUBERLA, Vice-président
honoraire de l'IDHBB, (Bordeaux). As
an human rights defender Aktham Naisse, (written also Aktham Nau’ysa
or Nu’aysa), was arrested several times since year 1991 . Recently he was
arrested again on Tuesday April 13, 2004 in Latakia, and has been detained by
the military security services since then in an individual cell in the criminal
department of the Saidnaya prison, well-known for the very harsh conditions of
detention imposed on political prisoners, where he is isolated in an individual
cell, in the section for ordinary criminals. The health of Aktham Naisse has deteriorated
considerably after he had a cerebral stroke during the first week of his
detention that resulted in the paralysis of the right side of his body. His
family is still not able to forward necessary heart and kidney medication. He is already diabetic and in need for a strict
medical treatment before his stroke, spent a few days in the military hospital
of Tishrin, near Damascus, before being transferred to Saidnaya prison two days
ago, where he cannot receive the necessary medical treatment. In addition to spearheading a campaign for the lifting of the state of
emergency, the CDF had recently published an annual report of human rights
violations in Syria and reported violations of human rights of Syria's Kurdish
population in March and April. Aktham Naise had expressed concerns for the
fate of scores of Lebanese "disappeared" in Syria.. Aktham
Naisse is accused of undermining the objectives of the Revolution. He will be
trialed in the State Security Court, under Syrian emergency laws. He is accused
of “undermining the objectives of the Revolution: Arab unity, liberty and
socialism”, as well as spreading false information about Syria. He risks up to
15 years imprisonment. The
Jury urged the Syrian authorities to
free immediately Aktham Naisse without conditions. . Aktham Naisse was freed on August 16th, by decision of the Syrian Supreme State Court (SSSC) in Damascus with a bail of 10.000 Syrian Pounds. The next hearing is due to take place the 24 October 2004.
on a 10,000 Syrian pounds (US$200) bail after a four month detention for demanding greater freedoms, The AP reported. A day after being released on bail, Syrian activist Aktham Naisse on Tuesday vowed he would go on with his fight for human rights even though he is certain he will be convicted and return to jail.
"I will persist, and no one has asked me to stop. They (the authorities) are fully aware that I will never retreat," Naisse noted.
"The current circumstances are conducive for more respect of human rights and for more pressure for democratic initiatives," he added.
On Sunday January 16, 2005, the trial against Mr. Aktham Naisse was scheduled to resume. However, upon arrival to the court in Damascus, and without prior notice, Mr. Naisse was informed that the trial hearing had been postponed until April 26, 2005. This postponement can be considered as part of the Syrian method of harassing human rights defenders.
A biography : Aktham Naisse, (written also Aktham Nau’ysa
or Nu’aysa), a lawyer and the president of
the Committees for the Defence of Democratic Freedoms and Human Rights in Syria
(CDF), was arrested on 18 December 1991 and unjustly condemned in 1992 to a nine-year
prison sentence because of his peaceful activities calling for human rights
reform in your country. He was also deprived of his civil rights. He and others
wrote and produced a leaflet about human rights violations in Syria, in
association with the CDF. Their trial
before the Supreme State Security Court (SSSC) was a travesty of justice.
Akhtam Naisse is alledged to have been tortured so badly by the security forces
that he was unable to walk into the courtroom. The defence lawyers were denied
access to the defendants and were not allowed adequate time to prepare their
case and produce witnesses. The prosecution evidence was based largely on the
evidence of "confessions" extracted under torture. On 3 July 1998,
Akhtam Naisse was released from the Sednaya Prison were he had been detained
since 1991 in incommunicado detention, and suffering from both kidney and eye
problems. Since then,
Akhtam Naisse and the CDF members are regularly called in by the police to be
questioned about their activities and are systematically harassed (police
surveillance, telephone-tapping, confiscation of mail and pressure on their
families). The CDF has
lately been very active in defending human rights in Syria. On August 27th,
2003, Akhtam Naisse was summoned by the service of the military safety in
Damascus. During the interview, he was threatened and offended by officers. It
was meant to him that any activity of the CDF - still not legally recognized -
was forbidden until new order. This decision appears as a measure of reprisal
in front of recent criticisms emitted by the CDF against the policy of the
Syrian authorities concerning Syrian exiles. Indeed, the CDF repeated the
demand to the authorities to allow the return in their country of all the
exiles. In spite of that,
Akhtam Naisse, is one of the petitioners of an on-line petition to President
Bashar Assad , launched by the CDF at the end of January 2004 and signed by
some 3,500 Syrian intellectuals and academics, calling for an immediate lifting
of the state of emergency imposed by the Ba'athists 41 years ago. In the late
afternoon of February 11th, Akhtam Naisse, was summoned to report to the
so-called "al-Mintaqa" offices of the military secret service in
Damascus where he was detained and interrogated by two high ranking military
officers until after midnight. The military secret service officers said that
the number of signatories, was a sign that Akhtam Naisse and CDF had illegal
international contacts. They based their accusations on conversations tapped
from his telephone, which is under surveillance by the Syrian authorities.
During the detention, the military officers verbally harassed Mr. Naisse, who
is due to travel abroad in a couple of days. The officers threatened not to
allow him to leave Syria, or if he does, that he might not be allowed to
return. They also suggested that other things or accidents " might
happen". He was released on February 12th in the early afternoon. Nevertheless,,
Akhtam Naisse and the CDF organized, on 8 March 2004, the first unauthorized
political peaceful sit-in demonstration on behalf of political prisoners and
democratic reforms in Syria in four decades. The demonstration was reportedly
disrupted by the security forces. as a crowd of 700 protestors gathered outside
the parliament building. The security forces allegedly removed the banners of
the demonstration and arrested a number of demonstrators, including Akhtam
Naisse. They were taken away in a car and were released in the evening. More on : www.idhae.org EUROPEAN BAR HUMAN
RIGHTS INSTITUTE ( IDHAE) , HUMAN RIGHTS
INSTITUTES OF THE BAR OF BORDEAUX, HUMAN RIGHTS INSTITUTE
OF THE BAR OF PARIS, HUMAN RIGHTS INSTITUTE
OF THE BAR OF BRUSSELS
Le bâtonnier John BIGWOOD, Bâtonnier de l'Ordre français Barreau de Bruxelles, le bâtonnier Georges FLECHEUX, Président de l'Institut de formation en Droits de l'Homme du Barreau de Paris, Me Christophe PETTITI, Secrétaire général de l'Institut
des Droits de l'Homme des Avocats Européens (IDHAE).
Presentation of the Prize
Le Premier président Lahousse
Speech by Mr A. Naisse
Photographies : Jean-René TANCREDE - Tel : 01 42 60 36 35
In his speech of acknowledgments, Me Aktham Naisse indicated that he would not quit his fight for liberties in Syria, country of which the name « Surya » means « sun » whereas it is in a regime of darkness since 1963 by the continuous state of emergency.